L’ancien attaquant emblématique des Lions Indomptables et actuel président de la Fédération Camerounaise de Football (Fecafoot), Samuel Eto’o, semble se complaire dans un jeu de silence stratégique depuis des années. Bien qu’il ait annoncé à plusieurs reprises un « grand déballage » qui promettait de dévoiler les coulisses de ses frustrations, notamment après la Coupe du Monde 2014, ce moment tant attendu n’a jamais eu lieu.
La question reste entière : qu’attend Samuel Eto’o pour dire sa vérité ? Pourquoi choisir le mutisme alors que le football camerounais traverse des turbulences marquées par des dysfonctionnements dans la gestion des équipes nationales et du championnat local ?
Un silence de trop dans un contexte chaotique
Depuis sa prise de fonction à la tête de la Fecafoot, Samuel Eto’o, malgré sa popularité indiscutable et son aura de légende africaine, est confronté à des critiques récurrentes. Les accusations de mauvaise gestion, les conflits internes, les luttes d’influence et les polémiques autour du championnat camerounais continuent de ternir l’image du football local. Or, face à ces péripéties, son silence devient difficilement justifiable pour une personnalité qui, autrefois, n’hésitait pas à s’exprimer avec vigueur et transparence.
Dans ses récentes sorties, Eto’o rappelle avoir toujours essayé de « changer les choses », regrettant que ses efforts aient parfois été mal compris ou même diabolisés. Cette posture, bien qu’honorable, manque désormais de substance face aux attentes des Camerounais. Le quadruple Ballon d’or africain, qui a souvent porté haut les couleurs du Cameroun sur la scène internationale, ne peut pas se contenter d’annoncer un futur déballage sans agir. Les défis actuels du football camerounais nécessitent des réponses claires, pas des promesses ajournées.
Une vérité attendue pour tourner la page
En évoquant la possibilité d’écrire un livre pour « apporter sa vérité », Samuel Eto’o choisit une voie prudente, mais peut-être trop éloignée de l’urgence du moment. Le football camerounais, comme l’ensemble du pays, mérite des explications, des solutions et surtout un leadership transparent et réactif. Écrire ses mémoires pourrait constituer un acte fort pour la postérité, mais cela ne résout pas les crises qui s’accumulent aujourd’hui.
Le mutisme actuel d’Eto’o contraste avec l’homme qui, par le passé, a souvent « refusé de garder sa langue dans sa poche ». Il est difficile de ne pas y voir une forme d’incohérence : comment un leader, qui a tant critiqué les lacunes structurelles du football africain, peut-il désormais rester silencieux alors qu’il en est lui-même un acteur majeur ?
Le défi d’un leadership assumé
Samuel Eto’o doit comprendre que son silence, même stratégique, peut être perçu comme une démission morale. En tant que président de la Fecafoot, il ne peut plus se contenter d’observer ou de promettre. Il doit agir, s’exprimer et, surtout, clarifier sa vision pour redresser un football camerounais en perte de repères.
Le grand déballage annoncé depuis des années est-il devenu un mythe ? Ou bien est-ce une manœuvre de communication destinée à maintenir une pression ? Quoi qu’il en soit, Samuel Eto’o doit désormais choisir : écrire son histoire plus tard ou contribuer activement à changer le présent dès maintenant. Car au-delà des polémiques, c’est l’avenir du football camerounais qui est en jeu.