Biya aurait-il perdu la main sur son peuple ?

Le Cameroun traverse une période politique inédite. Suite à un mot d’ordre lancé par le candidat Issa Tchiroma, considéré comme le principal challenger du président Paul Biya, les populations ont massivement répondu à l’appel. Dans plusieurs villes du pays — Douala, Bafoussam, Mayo Darle, Fouban et Dschang — la paralysie est totale : marchés fermés, rues désertes, villes mortes. Ce phénomène traduit une mobilisation populaire forte et coordonnée, et soulève la question cruciale : Biya a-t-il perdu la main sur son peuple ?

À Douala, la capitale économique, les marchés de Ndokoti, Mbopi et La Douche sont restés fermés. Les habitants observent scrupuleusement le mot d’ordre, malgré les pressions exercées par les autorités locales. À Bafoussam, la jeunesse descend dans la rue pour exiger le respect de son vote et exprimer son ras-le-bol face à quarante-trois années de pouvoir sans véritable évolution. À Mayo Darle et Fouban, les habitants rejettent les directives venant de Yaoundé, affirmant leur soutien à Issa Tchiroma , qu’ils considèrent comme l’incarnation du renouveau et de l’espoir pour un pays où les concours publics sont biaisés et les marchés publics réservés aux proches du pouvoir. À Dschang, le marché B est fermé et le silence règne dans les rues, reflétant la gravité de la situation.

Malgré les tentatives d’intimidation orchestrées par le MINAT, Monsieur Atanga Ndji , les populations sont restées fermes dans la ligne tracée par celui qui, pour elles, représente aujourd’hui un projet crédible de renouveau. Ces efforts pour dissuader les citoyens n’ont pas réussi à briser la mobilisation : au contraire, ils ont renforcé la détermination d’une population consciente de son pouvoir et de ses droits.

Cette paralysie générale illustre un désaveu manifeste du pouvoir central. Les populations dénoncent l’inefficacité de l’administration, la corruption, le manque d’eau et d’électricité, et l’absence de perspectives pour les jeunes. L’élection, moment clé de la rencontre entre un peuple et un projet, apparaît aujourd’hui compromise par l’absence de campagne de proximité et le manque de vision du président Biya.

Le choix du peuple semble clair : après plusieurs décennies de gouvernance statique et de promesses non tenues, la population se tourne vers une alternative perçue comme crédible et capable de porter le changement. L’appel de Issa Tchiroma a trouvé un écho immédiat et massif, et la mobilisation qui en découle transforme cette contestation en une force tangible.

Le Cameroun est donc à un tournant. Les villes mortes et les marchés fermés ne sont pas seulement des actions de protestation : elles sont le symbole d’un peuple qui réclame le respect de son vote, l’écoute de ses aspirations et un avenir différent. Pour beaucoup, l’autorité de Biya semble aujourd’hui contestée, et l’émergence de Issa Tchiroma comme figure de renouveau traduit la volonté populaire d’un changement profond et durable.