Maurice Kamto, figure majeure de l’opposition camerounaise, a officiellement déposé un recours devant le Conseil constitutionnel pour contester son exclusion de l’élection présidentielle prévue le 12 octobre 2025. Cette décision, annoncée par la Commission électorale ELECAM la semaine dernière, a provoqué une vague d’indignation chez ses partisans et soulève de nombreuses interrogations sur l’équité du processus électoral au Cameroun.
En 2018, Maurice Kamto était arrivé en deuxième position derrière le président Paul Biya, au pouvoir depuis 1982. Il était largement perçu comme son principal rival pour cette élection. Sa disqualification pourrait donc modifier considérablement les dynamiques de la campagne présidentielle. La raison officielle avancée par le président d’ELECAM, Erik Essousse, est que le Mouvement africain pour la nouvelle indépendance et la démocratie (Manidem), le parti de Kamto, aurait présenté plusieurs candidatures au lieu d’une seule, ce qui constituerait une irrégularité.

Cependant, cette justification ne convainc pas tout le monde. Des observateurs et partisans de l’opposition dénoncent une mesure discriminatoire, d’autant que d’autres partis auraient soumis plusieurs candidatures sans subir de sanctions comparables. Cette disparité alimente le soupçon d’un traitement inégal, voire politique, des dossiers de candidature.
La situation prend une dimension préoccupante, dans un contexte déjà sensible. Le Département de la sûreté et de la sécurité des Nations Unies a récemment alerté sur le risque de manifestations à Yaoundé et dans d’autres grandes villes du pays, en cas d’exclusion de figures de l’opposition. L’annonce du recours de Maurice Kamto intervient donc à un moment de tension, où les décisions du Conseil constitutionnel pourraient fortement influencer la stabilité politique à court terme.
Le scrutin présidentiel camerounais se déroulera en un seul tour. Le candidat recueillant la majorité simple des suffrages exprimés sera élu pour un mandat de sept ans. À 92 ans, le président sortant Paul Biya est le plus ancien chef d’État en exercice au monde, et sa volonté de briguer un nouveau mandat alimente le débat sur l’alternance politique dans le pays.
L’exclusion de Maurice Kamto relance ainsi une série de questions fondamentales sur la transparence du processus électoral, la neutralité des institutions comme ELECAM et le rôle du Conseil constitutionnel en tant que garant de la légalité du scrutin. Pour les observateurs nationaux et internationaux, cette affaire est révélatrice des fragilités de la démocratie camerounaise, marquée depuis plusieurs années par un climat politique tendu et des contestations post-électorales répétées.

Ce recours déposé par Maurice Kamto ne porte pas seulement sur sa situation personnelle : il cristallise une revendication plus large pour l’équité, la justice électorale et la crédibilité des institutions démocratiques. Le verdict du Conseil constitutionnel, très attendu, pourrait non seulement réintégrer Kamto dans la course, mais aussi apaiser ou au contraire raviver les tensions sociopolitiques actuelles.
Dans ce contexte, le rôle du Conseil constitutionnel est capital. Ses juges devront dire le droit, tout en mesurant l’impact politique et social de leur décision. Car au-delà du cas Kamto, c’est la confiance des citoyens dans l’ensemble du processus électoral qui est en jeu.
L’évolution de cette affaire sera scrutée de près dans les prochains jours, aussi bien par les électeurs camerounais que par les partenaires internationaux du pays. La décision finale pourrait influencer de manière déterminante la configuration de l’élection présidentielle du 12 octobre, et peut-être même, le futur politique du Cameroun.