Le 8 décembre 2024, Emmanuel Macron a brillé sous les voûtes de Notre-Dame de Paris. Sur le parvis, puis dans la nef de la cathédrale, le président de la République semblait ceint d’une couronne de gloire. Ce jour-là, plus encore que lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques, il apparaissait véritablement au sommet de son mandat. À Notre-Dame, l’image de la France qui se relève, la fierté nationale, l’excellence française incarnée par les pompiers et les artisans de la reconstruction, semblaient donner un lustre inaltérable à son action.
« Vous étiez le seul à y croire », a salué Mgr Ulrich, reconnaissant la part déterminante d’Emmanuel Macron dans l’aboutissement de ce chantier titanesque, qui a redonné vie à l’un des monuments les plus emblématiques du pays. L’occasion était unique : la rencontre des grands de ce monde, une cérémonie empreinte de solennité et de reconnaissance, où le président a fait l’éloge de « l’histoire, du génie, du sursaut et de la sève chrétienne » de la nation française.
Sous les applaudissements, Macron s’est voulu président d’une France fière de son passé et de sa résilience, offrant aux convives une vision idéale du pays. Pour lui, cette excellence française, incarnée dans la reconstruction de Notre-Dame, était « la métaphore heureuse de ce qu’est une nation ». Une nation capable de surmonter les épreuves et de s’élever au-delà des divisions.
Et pourtant, si le président a été magnifié dans ce cadre majestueux, le retour à la réalité semble bien moins éclatant. Car si Macron a pu, le temps d’une cérémonie, incarner la grandeur de la France, il doit aujourd’hui faire face à une toute autre image : celle d’un président sans majorité et sans gouvernement, pris au piège de ses propres erreurs. La dissolution de l’Assemblée nationale en 2023, qu’il espérait salutaire, a eu l’effet inverse, fragilisant davantage sa position. Il peine toujours à trouver un nouveau Premier ministre, tandis que sa popularité plonge. Son départ, jugé souhaitable par certains, apparaît désormais comme une issue inéluctable pour d’autres.
Le président qui exaltait la France unie à Notre-Dame doit désormais composer avec une nation divisée. La même France qu’il disait fière, rassemblée autour d’un idéal, semble aujourd’hui déchirée par des querelles politiques internes et des tensions sociales. Macron, qui avait réussi à unir lors de l’inauguration de la reconstruction de Notre-Dame, peine à trouver des solutions face à l’opposition. Si son discours de réouverture de la cathédrale a été marqué par un esprit d’unité nationale, il se heurte aujourd’hui aux fractures internes du pays, accentuées par ses rapports conflictuels avec les partis d’opposition.
Sa gestion de la crise politique actuelle, notamment sa vision d’un « front antirépublicain » où il associe aussi bien le Rassemblement national que La France insoumise, détonne avec la réalité de ses relations avec ces formations. Tandis qu’il s’éloigne du Rassemblement national, il se dit prêt à échanger avec La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon, qui n’a pas manqué de repousser ses avances.
Ainsi, après avoir incarné l’espoir d’une France qui se relève et qui s’unit, Emmanuel Macron retrouve la France qui se perd dans la confusion, l’incertitude et la division. Ce président qui, jadis, avait fait preuve de capacité à surprendre et à reprendre la main, semble désormais incapable de redresser la barre dans un climat où la défiance règne. Après la gloire de Notre-Dame, il lui faudra réapprendre à s’adresser à une France qui, aujourd’hui, semble plus indifférente, voire hostile. La majesté du moment a laissé place à la dure réalité d’une présidence en crise