Non à un autre mandat : le cri de Mgr Kleda contre le pouvoir de Biya

À l’orée d’une échéance électorale majeure, Monseigneur Samuel Kleda, archevêque de Douala, a pris la parole pour inviter le peuple camerounais à un sursaut. Son message, clair et sans équivoque, appelle à un changement de régime dès octobre 2025, dans un pays miné par la crise sociale, politique et économique.

Dans une déclaration publique inhabituelle par sa portée politique, Monseigneur Kleda a dressé un constat accablant de la situation du Cameroun. Le haut dignitaire de l’Église catholique ne mâche pas ses mots : mauvaise gouvernance, corruption enracinée, pauvreté persistante, chômage galopant. Ce diagnostic sévère, appuyé par une série de faits concrets, vise à secouer les consciences à l’approche d’une échéance cruciale pour l’avenir du pays. Pour l’archevêque, il ne s’agit plus d’observer ou de se plaindre, mais d’agir et de préparer une véritable alternance politique.

Il pointe du doigt les défaillances structurelles qui pénalisent gravement le quotidien des Camerounais : des routes impraticables, des coupures d’électricité chroniques, l’accès difficile à l’eau potable, autant de signes tangibles d’un État en panne de service public. Plus encore, il dénonce la mauvaise gestion des ressources naturelles, notamment pétrolières et minières, qui profitent à une élite restreinte au détriment du bien commun. À cette situation économique et sociale déjà précaire s’ajoutent les tensions sécuritaires dans les régions anglophones et à l’Extrême-Nord, entretenant un climat d’instabilité permanente et de défiance envers les institutions.

Mais au-delà du constat, Mgr Kleda propose une alternative : celle d’un renouveau porté par des acteurs politiques intègres, visionnaires et soucieux du bien-être collectif. Il insiste sur l’urgence d’un changement de mentalité et d’une réappropriation du pouvoir par le peuple à travers des mécanismes démocratiques. Dans une démarche résolument pacifique, il en appelle à l’unité nationale, à la justice sociale et à la foi dans la reconstruction. Le prélat veut croire qu’un avenir meilleur est encore possible si les Camerounais trouvent en eux-mêmes la force de changer le cours de leur histoire.

Son intervention prend une dimension particulière dans un contexte où la parole politique est souvent monopolisée par des figures figées du pouvoir ou des oppositions divisées. Le fait qu’un leader religieux de son envergure prenne position avec autant de clarté est révélateur d’un malaise profond et d’un espoir latent au sein de la population. Ce message ne tombe pas dans l’indifférence, car il rejoint une attente de plus en plus palpable : celle d’un changement crédible et pacifique.

Face à cette prise de parole, la réaction du pouvoir reste prudente. Mais dans les rues, dans les débats et sur les réseaux sociaux, les mots de Monseigneur Kleda résonnent comme un appel à la responsabilité citoyenne. Pour de nombreux Camerounais, longtemps désabusés ou résignés, cette intervention pourrait servir de catalyseur. Elle replace le débat public au cœur des préoccupations populaires et met en lumière la possibilité d’un avenir différent.

À quelques mois d’échéances politiques cruciales, la voix de l’archevêque s’élève donc comme un signal fort. Elle invite les citoyens à ne pas céder à la peur ni à la fatalité, mais à croire en leur capacité à changer les choses. En rappelant que le Cameroun regorge de ressources naturelles et humaines, il ravive la flamme d’un patriotisme responsable et d’une espérance fondée sur la solidarité et la justice.

Le message de Mgr Kleda ne promet pas des solutions miracles, mais il propose une boussole morale et citoyenne dans un paysage politique en quête de renouveau. Reste à savoir si les Camerounais entendront cet appel comme un simple sermon ou comme le point de départ d’un mouvement profond et durable pour une transition démocratique réussie.