Le secteur de la restauration en crise en Argentine : une baisse de l’activité de 20 à 50 %

Pascual a peut-être eu raison de quitter le monde de la restauration, alors que ce secteur traverse une crise profonde en Argentine. Après un rebond éphémère post-pandémie, alimenté par une inflation galopante sous le gouvernement d’Alberto Fernandez, la situation s’est rapidement dégradée. La baisse du pouvoir d’achat, couplée à une instabilité économique persistante, a frappé durement la restauration, l’hôtellerie et le tourisme, secteurs qui avaient pourtant connu un pic temporaire au sortir de la crise sanitaire.

La conjoncture économique actuelle est loin d’être favorable à la consommation. Selon Alberto Da Silva, propriétaire de plusieurs bars à bières artisanales dans le quartier animé de Palermo à Buenos Aires, la baisse de l’activité dans la restauration varie entre 20 et 50 %. "Le haut de gamme est celui qui a le plus souffert", constate-t-il. Cette crise a poussé les restaurateurs à multiplier les promotions et à revoir leurs stratégies tarifaires, mais ces ajustements n’ont pas suffi à compenser la baisse des recettes. "Nous sommes contraints d’offrir des promotions pour que les gens viennent, ce qui signifie moins de chiffre d’affaires", explique-t-il.

La baisse de la demande, conséquence directe de la diminution du pouvoir d’achat des Argentins, est exacerbée par une inflation galopante. Les prix des produits alimentaires ont augmenté de plus de 200 %, tandis que les services comme l’électricité ont vu leurs tarifs augmenter de manière vertigineuse, jusqu’à 900 %. Cette flambée des coûts pèse sur les marges des restaurateurs, qui peinent à maintenir un équilibre financier face à des consommateurs de plus en plus prudents.

La situation reste incertaine pour les acteurs de la restauration en Argentine. Si l’inflation et la crise économique ont eu un impact majeur sur la fréquentation des établissements, l’incertitude politique alimentée par la victoire de Javier Milei, élu président en 2023, maintient un climat de méfiance. Les consommateurs, frappés par une dévaluation constante de la monnaie locale par rapport au dollar, préfèrent épargner plutôt que de dépenser dans les restaurants, qui étaient jusque-là un moyen d’évasion dans un contexte économique difficile.

Alors que le secteur tente de se réorganiser, la question demeure : le rebond économique tant attendu arrivera-t-il un jour ? Les restaurateurs, déjà sous pression, espèrent que les réformes économiques et la stabilisation du marché puissent insuffler une nouvelle dynamique à un secteur vital pour l’économie argentine. Mais pour l’instant, le secteur continue de lutter contre un tourbillon d’incertitudes.