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Kamel Daoud face à la polémique : Quand la fiction devient cible de la réalité

Dans le monde littéraire, les écrivains ont souvent puisé dans la réalité pour nourrir leurs personnages de fiction, prenant comme inspiration des événements ou des personnes existantes. Cependant, cette pratique n’est pas sans risques, notamment en cas de ressemblance trop marquée avec des individus réels. C’est ce à quoi doit faire face Kamel Daoud, dont le roman Houris (Gallimard) est au cœur d’une polémique qui a pris une ampleur inattendue.

Le lauréat du Goncourt 2024 est accusé par certains de s’être inspiré de l’histoire d’une survivante d’un massacre survenu durant la « décennie noire » en Algérie, une période marquée par une guerre civile sanglante. Selon ses détracteurs, Daoud aurait volé cette histoire personnelle, qu’une jeune femme se serait confiée à l’épouse psychiatre de l’écrivain. Cette accusation a conduit l’auteur à faire face à une campagne diffamatoire, alimentée en partie par ses prises de position publiques sur le régime algérien.

Face à cette controverse, Kamel Daoud a pris la parole dans un texte publié par Le Point, rejetant fermement les accusations qui pèsent contre lui. Il précise que le personnage principal de Houris, une jeune femme nommée Aube, n’a aucune ressemblance avec la personne réelle prétendant être la source d’inspiration. « À part la blessure apparente, il n’y a aucun point commun entre la tragédie insoutenable de cette femme et le personnage Aube », a-t-il affirmé. L’écrivain a également insisté sur le fait que Houris est avant tout une œuvre de fiction et non une biographie, soulignant que le roman traite de la tragédie collective d’un peuple, et non d’une histoire individuelle.

Cette déclaration de Kamel Daoud soulève des questions sur les frontières entre réalité et fiction dans la littérature. Les écrivains qui s’inspirent d’événements réels ou de personnes existantes pour créer des personnages peuvent-ils se retrouver face à des poursuites judiciaires si les ressemblances sont trop flagrantes ? Dans ce contexte, l’argument de l’écrivain selon lequel sa fiction est un témoignage symbolique plutôt qu’une biographie semble d’autant plus important pour défendre la liberté de création face à des attaques de ce type.

Le débat, déjà largement médiatisé, pourrait bien marquer un tournant dans la manière dont la fiction et la réalité sont perçues par le public et la justice. Il reste à voir si Kamel Daoud parviendra à apaiser les tensions et à faire entendre sa vision de Houris comme une œuvre de pure imagination, malgré les accusations qui continuent de planer sur sa tête.