Vingt ans après les grandes mobilisations étudiantes de 2005, l’esprit de révolte continue de nourrir les luttes sur les campus camerounais. Si les revendications sociales, les réformes controversées et la précarité n’ont pas disparu, elles semblent aujourd’hui plus présentes que jamais dans les discours et actions des étudiants et enseignants. Les tensions qui traversent l’université camerounaise révèlent des frustrations profondes liées à des conditions d’apprentissage et de vie de plus en plus difficiles.
Les mobilisations étudiantes de 2005, marquées par des protestations contre la hausse des frais universitaires et la mauvaise gestion des universités publiques, avaient secoué le pays. Bien que l’objectif d’une revalorisation des conditions des étudiants n’ait pas été totalement atteint, ces événements ont marqué un tournant dans la prise de conscience collective des étudiants face à un système éducatif inégalitaire. Aujourd’hui, ces mêmes revendications persistent, mais elles se sont diversifiées, intégrant de nouvelles problématiques liées à la gouvernance universitaire et à la gestion des réformes.
Au cœur des préoccupations actuelles, les étudiants dénoncent la hausse des frais de scolarité et l’inaccessibilité croissante aux bourses d’études. Ces revendications sont amplifiées par un manque criant d’infrastructures modernes, des conditions de travail précaires pour les enseignants et une surcharge des amphithéâtres. De nombreux étudiants se retrouvent dans des situations financières précaires, incapables de payer leurs frais scolaires ou de subvenir à leurs besoins quotidiens. La situation est d’autant plus difficile dans un contexte où l’emploi est de plus en plus incertain pour les jeunes diplômés.
Les réformes récentes de l’enseignement supérieur, bien que saluées par certains, ont également fait naître des inquiétudes. Les réformes des programmes, notamment avec la mise en place de la Licence-Master-Doctorat (LMD), ont été perçues par une partie des étudiants et du corps professoral comme mal adaptées aux réalités locales. Le manque de consultation et de prise en compte des spécificités camerounaises a provoqué une fracture entre le gouvernement et la communauté universitaire, alimentant un sentiment de mécontentement et de marginalisation.
Les enseignants, eux aussi, vivent des conditions de travail difficiles. De nombreux professeurs dénoncent les salaires insuffisants, le manque de moyens pour mener à bien leurs missions pédagogiques et la lenteur des réformes dans le secteur. La précarité des enseignants vacataires, qui sont souvent rémunérés à la tâche et n’ont pas de sécurité d’emploi, est un autre sujet de frictions. Ces enseignants, pourtant essentiels au bon fonctionnement de l’université, sont régulièrement oubliés dans les discussions sur la revalorisation du système éducatif.
Pourtant, malgré ces nombreux obstacles, l’esprit de révolte et de résistance est toujours bien vivant. Les étudiants et enseignants continuent de se battre pour leurs droits, multipliant les manifestations, les grèves et les appels à un dialogue inclusif avec les autorités publiques. Si les conditions de vie et d’études restent difficiles, la solidarité sur les campus se renforce. Les mouvements étudiants, en dépit de leur dispersion, trouvent des moyens de s’organiser pour exprimer leurs revendications.
Vingt ans après les soulèvements de 2005, les causes de la révolte sont encore présentes et profondément enracinées dans la réalité des étudiants et enseignants camerounais. Si certains progrès ont été réalisés, beaucoup reste à faire pour offrir à la jeunesse camerounaise les conditions d’une éducation de qualité, accessible et équitable. Les campus camerounais, à la fois lieux de contestation et de réflexion, continuent d’être le théâtre d’un combat pour un système éducatif plus juste et plus adapté aux enjeux du pays.