Depuis septembre, Maria Rosaria Lagana est à la tête de l’Agence nationale pour l’administration des biens saisis au crime organisé, une institution qui redonne vie à des objets de valeur confisqués à des criminels. En effet, l’agence a mis en place une plateforme innovante permettant à des repreneurs de se porter acquéreurs de biens saisis, allant de bolides de Ferrari à des Harley-Davidson, tous mis aux enchères. Mais au-delà de ces objets accessibles à tous, une partie des biens saisis, comme des maisons, des appartements et des terrains agricoles, sont attribués gratuitement à des organismes publics et des ONG, marquant ainsi un geste symbolique de justice sociale.
Cependant, l’une des initiatives les plus intéressantes de l’agence réside dans la gestion des œuvres d’art saisies. Ces biens culturels, au lieu d’être vendus, sont parfois conservés et exposés dans des musées. C’est le cas de SalvArti, une exposition qui met en lumière plus d’une vingtaine d’œuvres confisquées en 2016 à un membre de la ’Ndrangheta, la puissante mafia calabraise. Cette démarche reflète une volonté de donner une nouvelle vie à ces œuvres, souvent prises dans des circonstances tragiques et injustes, mais qui, aujourd’hui, sont célébrées pour leur valeur artistique.
L’exposition SalvArti présente des œuvres saisies par le tribunal de Reggio de Calabre. Parmi les pièces maîtresses, on trouve une lithographie de Roméo et Juliette de Salvador Dalí, ainsi qu’une huile sur toile de Piazza d’Italia de Giorgio de Chirico, deux géants du surréalisme et du néo-classicisme. « Ce sont des œuvres qui, à l’évidence, auraient pu être vendues, mais le choix a été fait de les conserver dans les musées, car elles ont une valeur importante », explique Maria Rosaria Lagana.
Selon elle, cette exposition constitue une véritable « renaissance pour ces œuvres ». C’est comme si elles étaient sorties des ténèbres du crime organisé pour être réintégrées dans le patrimoine collectif. « C’est un peu comme si nous les sortions de terre, tels des archéologues, pour les exposer dans des endroits où tout le monde peut les voir », ajoute-t-elle. L’idée est de transformer ces biens en symboles de résilience et de rédemption, leur offrant une place dans la culture publique, loin de l’ombre du crime qui les avait confisqués.
L’initiative de l’Agence des biens saisis n’est pas simplement un moyen de récupérer des fonds, mais un acte de reconquête culturelle et sociale. Les objets et œuvres confisquées deviennent des symboles d’un retour à la légalité, à la transparence, et à l’appropriation collective, offrant une nouvelle perspective sur ce qui a été pris de manière illégale. Par ce biais, l’agence ouvre la voie à une nouvelle forme de justice, où l’art et la culture sont les vecteurs de rédemption, bien au-delà des simples transactions financières.